Secteur de la Santé

La santé publique est l’un des domaines clés d’application potentiels des prévisions météo-climat homogènes, où les décisions couvrent un large éventail d’échelles temporelles directement liées à des résultats sanitaires positifs (par exemple, les tendances attendues des flambées de maladies, les fournitures médicales disponibles, les indicateurs de pauvreté). Les vagues de chaleur, par exemple, font partie des événements météorologiques qui ont le plus fort impact sociétal avec de graves perturbations des activités et d’importantes pertes en vies humaines. Lors de la canicule européenne de 2003, les autorités sanitaires ont estimé qu’environ 14 000 personnes sont mortes rien qu’en France (Vitart, 2005; Murray et al., 2012). La prédiction de l’évolution d’un événement aussi extrême (y compris l’apparition, la persistance et la décomposition) quelques semaines à l’avance serait particulièrement utile. Les prévisions des vagues de chaleur saisonnières et intra-saisonnières (S2S) par le CAPC-AC se révèle très prometteurs.

Les avantages potentiels des applications S2S sont peut-être les plus grands dans les pays en développement, en particulier en Afrique où au moins 30 maladies sensibles au climat représentent une menace majeure pour la vie et les moyens de subsistance de millions de personnes. Plus de 500 millions d’Africains vivent dans des régions où le paludisme est endémique, ce qui est fortement corrélé au climat saisonnier (Brunet et al., 2010). Les prévisions du paludisme sur des échelles de temps saisonnières ont été bien documentées, et montre des prédictions saisonnières habiles sur 1 mois en utilisant un modèle de transmission du paludisme basé sur les résultats des prévisions saisonnières et qui démontre d’habiles prévisions d’épidémie de paludisme en Afrique 2 mois avant le début de la saison.

Cependant, il est probable que l’un des principaux défis liés à l’intégration des prévisions S2S dans les pratiques de santé publique sera de travailler avec un ensemble de décideurs initialement moins familiers (et peut-être moins réceptifs) que certains autres secteurs. L’infrastructure nécessaire (par exemple, des données sur les patients hospitalisés en temps quasi réel) peut être en place dans certaines régions pour élaborer une prévision opérationnelle des admissions à l’hôpital liée aux conditions météorologiques, mais pas dans d’autres. Dans les pays en développement, l’accès logistique aux prévisions et aux données présente ses propres défis supplémentaires et peut dépendre d’activités humanitaires liées aux catastrophes.

Le temps et le climat ont de profondes répercussions sur la santé humaine. Les conditions météorologiques extrêmes font chaque année plusieurs dizaines de milliers de victimes et minent la santé physique et mentale de millions de personnes. Les sécheresses ont un impact direct sur l’alimentation et, par conséquent, sur l’incidence des maladies dues à la malnutrition. Les inondations et les cyclones peuvent déclencher des épidémies de maladies infectieuses, détruire les hôpitaux et ébranler toute l’infrastructure sanitaire, submergeant les services de santé au moment où on en a le plus besoin. La variabilité du climat a, elle aussi, de vastes conséquences. Elle influe sur les maladies diarrhéiques, le paludisme et d’autres affections qui tuent des millions de personnes chaque année et sèment la souffrance et la maladie chez des centaines de millions d’autres. L’évolution du climat à longue échéance risque d’exacerber les problèmes actuels et de mettre à mal les systèmes et l’infrastructure de santé publique, les régimes de protection sociale et l’approvisionnement en eau, en nourriture et autres produits et services des écosystèmes dont dépend la survie de l’être humain. Les effets du changement climatique sur la santé sont ressentis à l’échelle du globe, mais leur ampleur n’est pas la même partout. Ce sont généralement les populations les plus pauvres et vulnérables qui sont les plus durement touchées. En outre, ces effets sont accentués par une urbanisation rapide et anarchique, par la pollution de l’air et de l’eau et par d’autres pratiques contraires à un
développement durable. La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Cadre mondial pour les services climatologiques témoignent des inquiétudes que soulève l’impact de l’évolution du climat sur la santé. Les pays savent qu’une action concertée est nécessaire pour gérer les risques de catastrophes, garantir un approvisionnement suffisant en eau et en aliments salubres et renforcer les moyens affectés à la préparation, la surveillance et l’intervention face aux maladies sensibles aux conditions climatiques.

On n’atteindra ces objectifs que si les décideurs, à tous les échelons, reçoivent les informations les plus utiles et fiables qui soient sur les relations entre le climat et la santé. L’Organisation météorologique mondiale et l’Organisation mondiale de la Santé s’emploient ensemble à combler ce besoin par une approche nouvelle et concrète qui met à profit les services climatologiques pour favoriser l’adaptation des systèmes de santé et faciliter la prise de décisions tournées vers l’avenir. L’information climatologique contribuera ainsi à préserver et à améliorer la santé publique. Lire Plus…